Tester l’urinoir féminin portable
C’est une excursion en montagne qui date de près de trente ans. Et pourtant, je m’en souviens comme si c’était hier. En pleine traversée du glacier de Moiry, j’avais été prise d’un besoin pressant. Mes compagnons de cordée, exclusivement de sexe masculin et ados pour la plupart, avaient fixé avec des yeux ronds mon baudrier. C’est finalement le moniteur qui nous accompagnait qui avait trouvé la solution à cet épineux problème logistique: sortant la corde de réserve de son sac, il m’avait encordée à même la taille, afin que je puisse retirer mon baudrier et me soulager. Mes camarades, eux, avaient pudiquement tourné la tête. Après cet épisode aussi gênant que peu commode, je m’étais demandée comment s’y prenaient les femmes guides, elles qui passent des heures encordées. L’une d’entre elles avait fini par assouvir ma curiosité: elle ne partait jamais en montagne sans glisser dans son sac… un chausse-pieds!
Moi, j’ai adopté depuis lors une technique encore plus simple: lorsqu’il m’arrive de faire de la haute montagne, je bois le moins possible avant l’excursion. Par contre, quand je pars marcher sans corde ni baudrier, je prends un malin plaisir à avaler au petit déjeuner un grand verre de jus d’orange et un cappuccino. Quoi de plus sympathique en effet qu’une petite pause-pipi en solo derrière un arbre ou dans un talus? Or, récemment, j’ai vu passer dans un magazine outdoor une publicité pour un urinoir mobile féminin. J’étais passablement sceptique: quelle est donc l’utilité d’un tel accessoire lors d’une randonnée?
J’ai néanmoins décidé de lui donner une chance. J’ai pour cela choisi un itinéraire mixte, se déroulant partiellement en forêt et partiellement à découvert, dans les rochers. En attachant mes lacets ce matin-là, je me suis dit en rigolant qu’au pire, cette expérience me permettrait de tester l’étanchéité de mes chaussures de marche.
Dans les faits, mon premier essai avec l’urinoir féminin portable, discrètement réalisé lorsque je me trouvais encore sous le couvert des arbres en dessous de Lowizig, m’a démontré que le principal risque ne se situait pas au niveau d’un éventuel jet d’urine sur les pieds, mais au niveau des mains. Impossible – du moins pour moi – de maintenir fermement l’objet en place sans finir les doigts mouillés. Apparemment, en plus de l’étui étanche fourni par le fabricant – dont j’ai compris l’utilité à peine ma petite commission achevée -, j’aurais dû emporter un paquet de lingettes humides. A défaut, je me suis résignée à consacrer une partie de l’eau de ma gourde à un brin de toilette. Pas idéal sachant qu’il faisait très chaud ce jour-là et que l’itinéraire ne croisait ni fontaine ni buvette.
Quelques heures plus tard, alors que je redescendais du lunaire Seetal en direction de Plattja après un plantureux pique-nique face au Weisshorn, ma vessie s’est rappelée à mon bon souvenir. Autour de moi, des cailloux, des cailloux, rien que des cailloux. Pas le moindre buisson derrière lequel se cacher. Bref, une zone idéale pour un second test de l’urinoir portable, cette fois en mode «j’assume de faire pipi comme un homme, aux yeux de tous». Mais là, mon courage m’a lâchée. Pas envie de gaspiller le reste de mon eau pour me laver les mains. Et surtout, pas envie de ressortir de son étui humide l’engin déjà utilisé. D’un air assuré, je me suis tout simplement accroupie au milieu du pierrier, un peu à l’écart du sentier. Et franchement, dans cette position, je me suis sentie beaucoup plus discrète que si j’avais été debout.
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