Marcher dans les pas de «l’homme de glace»
Marcher dans les pas de «l’homme de glace»
Quelques dizaines de mètres en dessous du chemin de randonnée, une quinzaine de bouquetins paissent paisiblement. Vu leur nombre et leur âge – la plupart d’entre eux sont coiffés de longues cornes –, ils devraient faire figure d’attraction principale au-dessus de la Fafleralp. Et pourtant, ce jour-là, c’est un autre troupeau, formé celui-là d’une quinzaine de personnes, qui leur vole la vedette.
Equipées de chaussures de marche, d’un sac à dos et d’un simple maillot de bain, elles grimpent d’un pas déterminé sur le sentier pédestre menant au Schwarzsee, un petit lac de montagne niché au cœur du Lötschental. A la plus grande surprise des autres randonneurs qui, eux, arborent pantalons longs et coupe-vent en ce samedi frisquet. Ce week-end-là, je m’initie à la méthode Wim Hof (WHM), du nom de ce Néerlandais un peu allumé que l’on surnomme «l’homme de glace». A son palmarès figurent notamment 72 minutes d’immersion dans un conteneur rempli de glace, 6 minutes d’apnée sous la glace polaire ou encore un semi-marathon – pieds nus et en short – au cercle polaire. La WHM repose sur trois piliers: l’état d’esprit, l’exposition au froid et une technique de respiration basée sur l’alternance entre hyperventilation et apnée. Parmi les épreuves réservées à notre petite troupe de novices? Randonner en tenue ultra légère puis prendre un bain glacial.
Au moment de me plonger dans l’eau à 8 degrés du Schwarzsee, je me félicite d’avoir passé l’hiver à nager dans l’Aar avec mes collègues de bureau. Contrairement aux deux autres participants auxquels je tiens la main – notre coach WHM a insisté pour que nous formions un cercle dans le lac –, je ne tremble pas comme une feuille durant les 8 minutes d’immersion. Le défi vient plus tard, lors de la marche de retour vers la Fafleralp. Certes, j’ai été autorisée à me sécher mais j’arbore toujours la même tenue minimaliste qu’à l’aller. Malgré ma foulée rapide, je suis congelée de la tête aux pieds. Tandis que mes mains sont recouvertes de plaques bleuâtres, l’extrémité des doigts de la femme qui randonne à mes côtés affiche une étrange couleur jaune. Quant à nos babillages superficiels de la montée, ils ont cédé la place à des propos aussi sobres qu’existentiels. Lorsque j’aperçois l’hôtel en contrebas, ma température corporelle semble bondir de quelques degrés. Une petite séance de yoga nous y attend – à l’intérieur et dans des vêtements longs et douillets – afin de faire repartir la machine. Un exercice diablement efficace puisque moins de dix minutes plus tard, nous retirons les uns après les autres nos chaussettes de laine devenues superflues. La délicieuse sensation de chaleur qui m’envahit est encore accentuée par la perspective de l’apéro valaisan qui nous sera servi un peu plus tard. C’est ce moment que choisit notre coach pour nous annoncer que le lendemain avant le petit déjeuner, soit à 7 heures, nous remettrons ça du côté du Grundsee, un autre lac de montagne dont l’eau ne dépasse pas les 4 degrés.
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